On avait songé à deux
A bâtir jour après jour
Un château des jours heureux
Monté pour durer toujours.
Comme tout édifice durable
Il demanda des efforts
Tout remettre carte sur table
Ajouter des contreforts.
Nous n’avions ni l’un ni l’autre
Vu la mer si près des murs
Et sous estimé le vent
Qui soufflerait plus que dur.
Peu à peu chacun donna
Le nom de l’autre aux assauts
Des tornades ou des grands flots
Qu’aucune muraille n’arrêta.
Quand s’affaissa sur le sable
L’œuvre de nos belles années
Nos yeux sûrement embués
La trouvèrent misérable.
Elle avoua qu’elle préférait
A l’ amour sa liberté
Qu’elle ne pourrait regretter
Tout le mal qu’elle m’avait fait.
Notre donjon en Espagne
N’était qu’un château de cartes
Où chacun perd, nul ne gagne
Et d’où le destin s’écarte.